Conseil Régional de Lorraine - la "pénurie d'idée" du Président et de sa majorité

Publié le par NCO

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Intervention à la Plénière du Conseil Régional consacrée au Débat d'Orientation Budgétaire

 

 

Monsieur le Président,

 

Je dois vous dire que nous étions impatients de ce premier rapport introductif au DOB de votre nouvelle mandature car c’est pour les lorrains l’occasion de vérifier dans quelle mesure vos promesses de campagne vont être tenues et vos engagements respectés.

 

Il y a quelques jours dans la presse, vous expliquiez que vous deviez gérer la pénurie … mais avec ce document c’est d’une « pénurie d’idées » dont il s’agit !

 

Votre rapport est un document convenu qui n’est pas à la hauteur des enjeux et des défis que doit relever notre Région. D’autant qu’il s’agit, et c’est une nouveauté, d’un « document programmatique » censé couvrir les 4 années du mandat….cela nous laisse pantois ….

 

Pendant près d’une trentaine de pages (sur 55), vous et votre majorité vous apitoyez sur votre sort en ne cessant de fustiger le Gouvernement quitte, au détour d’une phrase, à « déplorer » les grands plans nationaux tels que le Plan CAMPUS ou les Investissements d’avenir, dont la Lorraine a cruellement besoin ! La communauté universitaire, qui s’est mobilisée avec vigueur autour de ces enjeux, appréciera …

 

J’aurais préféré que vous consacriez davantage de place à la Lorraine, à ses habitants, que vous apportiez un éclairage sur la situation socio-économique de notre région à partir duquel vous auriez pu décliner de grandes orientations stratégiques …

 

A cela, vous préférez les effets de manche et les imprécisions, dont la palme revient à votre nouvelle politique d’appui aux territoires, dans laquelle il est impossible de déceler la moindre vision partagée des grands enjeux de développement territorial …

 

Tout cela, c’est du verbiage qui ne peut masquer votre incapacité à répondre à l’urgence eu égard à la situation économique de notre Région et aux défis que celle-ci va devoir relever dans un contexte institutionnel et économique en profonde mutation.

 

Dans le domaine de la formation professionnelle, j’ai longtemps cherché dans ce document le terme de « demandeurs d’emploi »… Demandeurs d'emploi dont le nombre augmente (plus d’1/3 sont de niveau 5) et pour lesquels les offres de qualification diminuent …

 

Au dernier BS, pas un Euro de la Région en plus pour la formation.

 

Pour le premier semestre 2011, 800 places-formation en moins … voilà la réalité de votre politique !

 

Les «actions territoriales d’insertion», souvent plus courtes et, non qualifiantes, et je le précise non soumises à concurrence, ne peuvent assurer, sur les bassins d’emploi, la fonction structurante des actions longues car qualifiantes, que vous avez supprimées, et que vous allez continuer à supprimer.

 

Non, Madame Demonet, en défendant la programmation régionale, je ne sers pas la soupe aux organismes de formation ! Je m’inquiète simplement de la manière dont vous, et votre majorité, êtes en train, subrepticement, d’appauvrir l’appareil de formation lorrain.

 

Parce que derrière le soutien du Conseil Régional, se profile la question de l’adaptation permanente des contenus de formation aux évolutions des secteurs économiques présents dans notre Région, et surtout de l’adaptation de notre main d’œuvre à l’appareil de production lorrain.

 

La programmation régionale doit porter sur les formations permettant d’élever le niveau de qualification des demandeurs d’emploi, de structurer l’offre de formation sur les bassins d’emploi et de permettre à nos partenaires (missions locales, pôle emploi) d’orienter et d’accompagner..

 

Comment voulez-vous orienter et proposer aux jeunes, et moins jeunes demandeurs d'emploi, des actions de formation qualifiantes lorsque vous n’avez aucune visibilité ni connaissance des actions programmées sur votre bassin d’emploi ?

 

Nous attendions également de votre part un engagement fort aux côtés de Pôle Emploi, et pas uniquement en matière de cofinancement, pour envisager, à partir d’éléments de diagnostic partagé, une véritable co-construction de l’offre de formation en Lorraine. Mais rien de tout cela dans votre document. Comme pour les autres axes de votre politique, nous ne savons pas où vous voulez aller et où vous voulez conduire la Lorraine !

 

Dans le domaine économique, après la création d’une Agence de Mobilisation Economique (qui devait être la panacée), et l’existence au sein de l’administration d’un Pôle de l’économie, voilà que vous nous annoncez la création d’une Agence de Développement Economique, laquelle va également s’occuper de l’emploi…

 

Pouvez-vous nous dire, Monsieur le Président, jusqu’où va continuer cette dérive qui consiste à créer de nouvelles structures dont les charges de fonctionnement obèrent le budget de la collectivité, et qui n’induisent aucune valeur ajoutée ?

 

De bien mauvaises langues diront que cette nouvelle agence de développement économique a au moins le mérite de régler les problèmes d’inimitié apparus au sein de l’AME …

 

Ce que vous nous proposez aujourd’hui, c’est une réponse immédiate aux besoins d’emploi formulés par les entreprises, dans une logique purement «adéquationniste»… Et ce n’est pas pertinent, car agissant de la sorte, vous ne vous préoccupez que de ceux qui sont tout au bord du chemin, sans vous soucier de ceux qui en sont plus éloignés et pour lesquels des formations courtes d’adaptation ne peuvent suffire....Voilà la réalité, en refusant de vous occuper de la formation des demanderus d'emploi les plus en difficulté, vous les laissez sur le carreau et agissez en ultra libéraux, contre le progrès social pour ne privilégier que les coups médiatiques, quelques jeunes embauchés ici ou là, par une entreprise, avec une belle photo du Président ou de la vice-présidente …

 

La réalité, c’est que c’est un retour en arrière de 25 ans !!

 

A cet égard, comment pouvez-vous continuer à financer les plans de formation interne des entreprises, et notamment des grandes entreprises, alors que dans le même temps vous réduisez de manière substantielle les formations qualifiantes à destination des demandeurs d'emploi.

 

La compétence qui vous a été transférée par l’Etat, c’est bien celle de la formation des lorrains tout au long de la vie… et en période de crise, vous devriez avoir pour obsession de qualifier les demandeurs d'emploi qui ne le sont pas, pour leur permettre d’accéder à des emplois pérennes … A cela, vous préférez l’esbroufe, les coups médiatiques dont il serait intéressant de connaître la valeur ajoutée sur plusieurs mois, si ce n’est pour votre propre communication… En ne finançant plus les dispositifs d’accompagnement pour les chômeurs de longue durée ou les actions d’orientation professionnelle, pour ne citer que ces deux exemples, vous êtes en décalage total avec la réalité.

 

Alors je vous entends déjà, d’autant que je vous connais bien, Madame la Vice Présidente me dire « et les Ecoles de la Deuxième Chance ? ». Mais les écoles de la deuxième chance ne concernent pas les adultes, et que proposez vous à ces publics confrontés aujourd’hui à des difficultés toutes aussi grandes que les plus jeunes, et qui ne peuvent envisager le moindre parcours de réinsertion professionnelle sans un accompagnement personnalisé ?

 

Enfin, vous avez l’air de regretter l’application du code des marchés publics à la formation professionnelle…C’est extraordinaire !! Comme si c’était la cause de l’échec de votre politique de formation !

 

Ce positionnement explique sans doute la raison pour laquelle de nombreux dispositifs, et actions de formation, échappent aujourd’hui à cette modalité d’intervention de mise ne concurrence qui, et le Président de la CMP ne me contredira pas, a au moins le mérite d’une plus grande transparence et d'éviter les risques de favoritisme déjà relevés par la Chambre Régionale des Comptes (page 149 et suivantes).

 

A cet égard, pouvez-vous nous expliquer la raison pour laquelle les Ecoles de la deuxième chance, dont la Région a l’initiative, échappent aujourd’hui à toute mise en concurrence ?

 

Rien ne justifie un traitement exorbitant du droit commun pour ce dispositif d’insertion, et je profite de ce débat pour vous demander d’engager rapidement une réflexion afin que la gestion du réseau des E2C soit désormais soumise au Code des Marchés Publics permettant à l’avenir une réelle mise en concurrence de tous les opérateurs potentiels. Et je sais Madame, pour avoir un tout petit peu travaillé sur le sujet, que bon nombre d’organismes seraient très heureux de pouvoir proposer une offre adéquate pour ces E2C…

 

Pour conclure, Monsieur le Président, je souhaiterais que vous fassiez preuve de transparence en prenant l’engagement, devant cette Assemblée, de ne pas remettre en cause, dans le cadre du Budget Primitif débattu en décembre, l’une des missions régaliennes qui a été concédée à la Région au cours des différentes étapes de la décentralisation: l’éducation et la formation.

 

Publié dans Politique locale

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